Devoir,... de Mémoire.

Vendredi 13,il est 8Heure

Je suis en dialogue constant avec toi , je ne peux que constater que tu es aussi dans l'amour; quelle offrande au réveil car tu seras mon premier livre !
 

La Kabylie a été couverte de massacre durant la guerre d'Algérie.
Ou était ta famille ?
Mon père, lui, fut un de ces trop jeunes soldats appelé et depuis s'est inscrite en lui une forme désespérée presque ordinaire, car vécue par tant d'autres. Je sais que la peine que je transporte est celle des traces de la mémoire qu'une guerre véhicule ; de ce déchirement entre l'extase de la découverte du fabuleux d'une culture inconnue,et la dualité qu'impose la violence vécue par les souvenirs traumatisés d'un trop jeune soldat.: devoir répondre au devoir, alors qu'il est pacifiste. Et que ce "devoir" blessera par l'éloignement de  "l'amoureuse" laissée sur un quai de gare .
Je suis le fruit de cette fêlure et toi tu me proposes d'en faire une longue prose.

Quand à ton « Auvergne »!
C'est là que mon grand père vint faire sa convalescence ,car rare rescapé des tortures des camps de concentrations durant tout le temps de la dernière guerre mondiale.
Lui,un fils d'Anarchiste ,élevé par les jésuites... il devint militant communiste, comme on devient le prêcheur d' une nouvelle foi Utopiste. Il fut ostracisé par "la France" à l'aube  du Pétainisme,   , arrêté par la police Française en tant qu' ennemi de la République. Puis envoyé, par les "trains de la mort, dans les camps de concentration en Allemagne nazie. (http://www.memoirevive.org/henri-hannhart-45652/ )
Son crime?... D'avoir été un de ceux à l'origine des grèves de 1936 à 1941: celles qui ont permis d'obtenir les droits sociaux des travailleurs, les congés payés, les congés pour maladie...
Ce fut son crime .
Il fut un rescapé,un de ceux qui raconta avec pudeur et du bout des lèvres, l'horreur et l'enfer des camps ,pendant qu'attentive malgré mes 4 ans, je dessinait avec mes doigts la trace des chiffres bleus sur son avant bras, me frayant un  chemin entre la douceur de ses poils blonds:. Sur 45000  il  n'en revint que 119.
( http://www.memoirevive.org/histoire-du-convoi-du-6-juillet-1942-dit-convoi-des-45000/ )
  Lorsque j'étais petite il me disait qu'il voulait peindre le christ en rouge dans son jardin de curé du Nord Pas de Calais!
- « Lui , tu le vois, c'était le premier anarchiste-communiste ! C'est pour ça qu'il l'ont cloué sur cette croix ! » me disait -il ! Un peu avant Noël , l'année de mes 6 ans , il mourut, emportant avec lui son affreux secret, qu'il promettait de me raconter ...quand je serais grande...

Raconter « les événements d'Algérie » fut mon quotidien ces deux derniers étés dans un petit Musée de la "mémoire" , perché sur le rocher d'un village de Provence ou furent accueillies 25 Familles d’exilés  de Kabylie
J'y ai saisi les  douleurs humaines semblables aux Miens, au travers des récits quotidiens que je faisais sur la Kabylie, sur la vie de ces Hommes des montagnes, ces Hommes du paradoxes ,
blessés entre amour,guerre, souffrance, et soif de liberté ;
semblables aux Miens .

Je suis la fille ,et la petite fille de cette prose  qui va venir ; mes petits enfants portent en eux le sang mixte de cette histoire.

Je suis , le fruit du « paradoxe », de celui qui doit nourrir un devoir de mémoire,.

Je suis née Fille et nommée Garçon les jours de tempête et d'orage.